Guerrilla: un bon écran pour étouffer l'affaire CHINOGATE
RFI
Trafics chinois en tous genres
(Photo : AFP)
Il y a plusieurs semaines, l’antidrogue mexicaine réalisait un beau coup de filet, arrêtant 11 personnes et récupérant 205 millions de dollars dans une maison des Lomas, les beaux quartiers de Mexico. Le président Felipe Calderon qui a fait de la lutte antidrogue son cheval de bataille, a aussitôt envoyé ses félicitations, même si le cerveau de la bande, un industriel mexicain d’origine chinoise, propriétaire d’un laboratoire pharmaceutique, ait réussi à s’échapper.
De notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Zhenli Ye Gon s’est réfugié aux Etats-Unis. Il clame son innocence et veut récupérer son argent. Il vient de faire une déclaration à l’agence internationale Associed Press, affirmant qu’il s’agit d’une machination, qu’une grande partie de cet argent était destiné à la campagne électorale du Parti d’action national (PAN) et que c’est l’actuel ministre du Travail, Javier Lozano Alarcon, qui a envoyé chez lui des sacs contenant chacun 5 millions de dollars, le menaçant de mort s’il refusait de les cacher.
Le PAN a aussitôt démenti, déclarant que Zhenli Ye Gon est un dangereux trafiquant de drogue international et que le Mexique a demandé son extradition. Son avocat dément, soulignant que l’anti-drogue américaine n’a rien contre lui et qu’il donnait « une semaine au gouvernement mexicain pour qu’on lui restitue cet argent sinon il dévoilerait tout, et que les déclarations qu’il ferait samedi prochain ferait couler le gouvernement de Felipe Calderon ».
L’affaire prend une drôle de tournure : en effet, les responsables des douanes et du ministère de la Santé, chargés d’autoriser l’importation de substances permettant l’élaboration de drogues synthétiques, n’ont pas été trop regardants lorsque Zhenli Ye Gon a importé 60 tonnes de cette substance ! Le gouvernement devra également expliquer pourquoi les 205 millions de dollars ont été entreposés aux Etats-Unis. En transférant cette somme sous de fallacieux prétextes, il n’était plus possible de savoir qui avait retiré des liasses de billets verts qui portaient encore sur leurs bandes le sceau d’une banque américaine.
Le PAN est en très mauvaise posture. L’opposition parlementaire réclame une enquête. Certains analystes estiment que l’apparition subite d’un mouvement de guérillas (EPR) qui vient de faire sauter 4 gazoducs de Pemex (Pétroles Mexicains) serait un bon écran pour étouffer cette affaire.
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