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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT MEXICAIN EST ENTRE EN GUERRE SAINTE CONTRE SON PROPRE PEUPLE. ARRESTATIONS ARBITRAIRES D'HOMMES POLITIQUES COMME DE SIMPLES PASSANTS QUI AVAIENT LE MALHEUR DE SE TROUVER AU MAUVAIS ENDROIT AU MAUVAIS MOMENT, GENERALISATION DU VIOL DES PRISONNIERES, DE LA TORTURE Y COMPRIS SUR DES ENFANTS DE HUIT A DOUZE ANS , CENSURE DE TOUTE OPPOSITION... LA LUTTE NE FAIT QUE COMMENCER. El nuevo gobierno mexicano a entrado en guerra santa contra su propio pueblo. Imposición, traición, doble discurso, ruptura del pacto social, ningún respeto por los derechos humanos con la consiguiente tortura, prisión, muerte de luchadores sociales e inocentes. Censura y desprecio por la cultura y la educación.... LA LUCHA COMIENZA.

samedi 22 décembre 2007


Spot

Mexique: Merci M. Calderon!

On voit comment les « opérations policiers et militaires » de Calderon ont si bien marche, que le crime organise continue et pire encore depuis qu’il à pris le pouvoir le 1er décembre 2006.

Il continue avec son « cirque » sanglant, et n’arrive pas a se legitimiser, le pays est en train de peter et Mr Calderon incapable de diriger même pas sa vie….

Le crime organisé redouble de violence au Mexique

Le monde

Le crime organisé a mené des attaques très violentes contre des militaires et des employés d'une société de sécurité privée travaillant à l'aéroport international de Mexico, devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne mais aussi des précurseurs d'amphétamines. La mutilation des cadavres est destinée à frapper l'opinion publique.

Mardi 18 décembre, un commando, circulant dans plusieurs véhicules, a ouvert le feu sur quatre soldats à Torreon, capitale de l'Etat de Coahuila (nord), quand ces derniers entraient dans un centre commercial. Trois d'entre eux ont été tués sur le coup, le quatrième a été grièvement blessé.

Mais c'est surtout la découverte, en l'espace de quatre jours, de cinq corps mutilés dans l'agglomération de Mexico ou dans les faubourgs de la capitale qui a attiré l'attention des médias. Quatre des victimes ont été décapitées, et l'un de leurs doigts, coupé, avait été placé soit dans l'oreille soit dans la bouche du cadavre, ce que les enquêteurs interprètent comme un message codé sur le rôle de délateur - ou d'informateur d'un gang rival - qui a pu motiver leur assassinat. Une cinquième victime, un avocat, avait encore sa tête, mais on lui avait tranché les mains.

CADAVRES MUTILÉS

Pour accroître le sentiment d'horreur, les meurtriers ont dispersé les parties de corps découpées, plaçant les enquêteurs devant un puzzle macabre. La tête de Francisco Santos Iglesias, employé de Jet Service - entreprise chargée d'entreposer des marchandises pour le compte des douanes -, a été découverte, le 15 décembre, dans l'enceinte de l'aéroport, tandis que le reste du corps a été retrouvé trois jours plus tard à l'intérieur de son véhicule, à des dizaines de kilomètres.

Une autre tête coupée, identifiée comme celle d'un employé des douanes, est restée sans corps jusqu'à vendredi. Une odeur pestilentielle a alors attiré l'attention des passants sur une voiture abandonnée dans un centre commercial : elle contenait la partie manquante, elle aussi amputée d'un index. Enfin, les têtes de deux cadavres ligotés, ceux du gérant de Jet Service et d'un opérateur de monte-charge, n'ont pas été localisées.

Quatre des victimes travaillaient pour Jet Service. Selon le quotidien El Universal, la police soupçonne qu'ils coopéraient avec le cartel de Sinaloa et que la vague de meurtres a été déclenchée par la saisie, le 12 décembre, d'une demi-tonne de cocaïne en provenance de Colombie. L'aéroport international de Mexico semble être aussi un lieu de transit privilégié des précurseurs chimiques des amphétamines : on y a confisqué, cette semaine, près de 2 millions de pastilles de pseudo-éphédrine importées d'Inde.

Joëlle Stolz


Marcos

Le "Sub" Marcos prend congé des médias

Le monde

Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico. | AFP/RICARDO TRABULSI
AFP/RICARDO TRABULSI
Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico.

Cette fois, il ne nous parle pas depuis les "montagnes du sud-est du Mexique". Pour avertir que le conflit armé pourrait se rallumer au Chiapas, le sous-commandant Marcos, porte-parole de la nouvelle révolution zapatiste, avait invité le gratin de la gauche altermondialiste à San Cristobal de las Casas, cité coloniale métamorphosée en Mecque de la contestation. Ici, dans certaines crèches de Noël, l'enfant Jésus porte un passe-montagne, emblème des insurgés.

Du 13 au 17 décembre, en hommage au défunt André Aubry, vieux compagnon de route du zapatisme, des centaines de personnes ont rempli la salle de conférences de l'université de la Terre, assez pimpante avec ses bâtiments de brique rose, ses ateliers et son élevage de canards.

A la tribune se sont succédé la crinière blanche de l'écrivain britannique John Berger, qui vit parmi les paysans de Haute-Savoie mais correspond depuis des années avec Marcos, la fringante Canadienne Naomi Klein, auteure du manifeste antimondialisation No logo, l'Américain Immanuel Wallerstein, pionnier de la pensée "antisystémique", le Brésilien Ricardo Gebrim, du Mouvement des sans-terre, ou encore le Mexicain Gustavo Esteva, disciple du libertaire Ivan Illitch et témoin de la rébellion, en 2006, de la ville mexicaine de Oaxaca.

Ce "conclave d'exception", écrit le quotidien de gauche LaJornada, se salue, s'embrasse, se congratule. La chemise sport, assortie de solides chaussures de marche, semble dominer chez les hommes, tandis que, côté féminin, on note un faible pour le corsage à broderies indiennes, avec des châles pour affronter le froid nocturne (San Cristobal est à plus de 2000m d'altitude). Noam Chomsky manque à l'appel, mais il y aura sûrement un orateur pour le citer. Le célèbre linguiste n'a-t-il pas affirmé que le zapatisme représente "l'initiative politique la plus radicale et peut-être la plus importante" sur la planète? Connus ou pas, les participants doivent chaque jour ronger leur frein en attendant l'arrivée de Marcos. Enfin, un frémissement parcourt l'assistance, et le voilà, flanqué de quelques membres de l'Armée zapatiste de libération nationale, l'EZLN, en général très jeunes, et qui resteront debout près de la tribune, silencieux, visage masqué. Applaudissements.

A 50 ans sonnés – si son vrai nom est bien Rafael Guillen, comme l'affirment les autorités mexicaines –, la silhouette du "Sub" (prononcer "soub") s'est alourdie sous l'éternelle tenue militaire. Mais il a encore des yeux tendres, des mains soignées et une voix séduisante. Autour du cou, telle une relique desséchée, il garde le foulard qu'il portait lors de l'insurrection du 1er janvier 1994.

Celle-ci avait été déclenchée le jour de l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre le Mexique et les Etats-Unis, afin d'attirer l'attention sur la misère des communautés indiennes. L'Armée zapatiste de libération nationale avait accepté un cessez-le-feu après douze jours de combats, stabilisant peu à peu son emprise sur 39 municipalités "autonomes" de l'Etat du Chiapas. Soit quelque 3000 "communautés de base d'appui", 300000 paysans – dont 12000 armés –, et 250000 hectares récupérés auprès de gros planteurs ou d'éleveurs.

Ces terres suscitent bien des convoitises. Depuis un an, les zapatistes se plaignent d'être harcelés par des groupes paramilitaires, avec la complicité des autorités de l'Etat, officiellement étiquetées à gauche.

La réunion de San Cristobal a permis à Marcos de ranimer des réseaux de solidarité qui s'étiolaient. D'où des horaires bizarres, les hôtes de marque étant reçus en petit comité durant la journée, pendant que les autres trompent leur ennui en ville, où l'on n'échappe pas aux porte-clés en forme de guérilleros. John Berger, qui n'était encore jamais venu au Mexique, a découvert en territoire autonome une "autorité sans autoritarisme". Naomi Klein, qui présentait son nouvel opus sur le "capitalisme du désastre", constate que les zapatistes "ne sont pas faciles".

Après quelques sarcasmes sur les colloques, qui sont pour lui des "masturbations théoriques", des "défilés de mode dont les participants exhibent leur anorexie intellectuelle", Marcos a durci le ton : "L'EZLN est une armée. Très différente [des autres], certes, mais une armée." Dont il est, lui, le "chef militaire". Or "la guerre, comme la peur, a une odeur, et l'on commence à respirer son odeur fétide sur nos terres". Il annonce une retraite médiatique, "au moins pendant un bon moment". Les zapatistes doivent redéfinir à huis clos leur stratégie. A la journaliste Laura Castellanos, à qui il s'est récemment confié, Marcos a laissé entendre que ce pourrait être sa "dernière interview".

"Nous sommes passés de mode", se plaint-il. Dans ses propres rangs, on lui reproche son mépris pour la gauche mexicaine. Beaucoup d'intellectuels, qui avaient accompagné, en mars 2001, la triomphale marche zapatiste vers Mexico, se sont éloignés.

Conséquence de cet isolement : le soutien financier dont a longtemps bénéficié l'EZLN, notamment grâce à des réseaux italiens, se réduit. Au sein des municipalités "autonomes", des tensions apparaissent, et les jeunes sont toujours plus nombreux à émigrer.

Le "Sub" songe parfois à rédiger une thèse de doctorat, ou à prendre des vacances. Il a des insomnies. Il exclut de retourner à la lutte armée, même s'il promet de riposter en cas d'attaque. Sans passe-montagne, en tout cas : trop inconfortable. Et il garde l'œil fixé sur 2010, bicentenaire de l'indépendance et centenaire de la révolution mexicaine. Car, dit-il, "au moins une fois par siècle, le peuple mexicain dit non ".

Joëlle Stolz

Sub Marcos

Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico. | AFP/RICARDO TRABULSI

AFP/RICARDO TRABULSI
Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico.

Un antihéros pose pour l'Histoire

Le monde

SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS (Chiapas, Mexique) ENVOYÉE SPÉCIALE

Ricardo Trabulsi est le photographe de Shakira et autres stars du show-biz latino, plus habitué à shooter des mannequins qu'à suivre des guérilleros. Aussi, quelle émotion lorsqu'il a su qu'il était sollicité pour tirer le portrait du sous-commandant Marcos! Pour la première fois, le chef zapatiste était prêt à poser devant l'objectif d'un professionnel, et la très chic revue Gatopardo exigeait un finiimpeccable.


Ce qu'ignoraient les responsables de ce magazine de qualité, vendu à 200000 exemplaires en Amérique latine, c'est que Ricardo Trabulsi se passionne depuis 1994 pour le mouvement zapatiste. "J'avais 26ans, nous raconte-t-il, et cette insurrection m'a éveillé au monde. J'ai commencé à lire des journaux, puis les livres dont parlait Marcos. A partir de 1998, parallèlement à ma carrière commerciale, j'ai poursuivi un travail personnel sur les communautés d'appui à l'EZLN."

Ces dernières années, il a envoyé pas moins de six lettres dans l'espoir d'accrocher l'intérêt du "Sub". Aucune réponse. Et voilà que se présente l'occasion qu'avaient sollicitée en vain, avant lui, le célèbre photographe brésilien Sebastiao Salgado ou l'Italien Olivero Toscani! La prise de vue pour la couverture, avec fond blanc, a lieu au bureau de l'EZLN à Mexico. Marcos, détendu, bavarde avec la journaliste Laura Castellanos. Une autre séance était prévue en extérieur, avec un photographe du Chiapas. Mais Marcos change la date, et Ricardo Trabulsi est ravi quand on lui offre de partir dans la forêt Lacandon.

La vraie surprise, alors, a été pour le "Sub" : Ricardo Trabulsi sort un appareil en bois datant de 1889, qu'on utilise avec des plaques de 8 x 10pouces, en fourrant sa tête sous un tissu sombre. Le genre d'antiquité devant laquelle avaient posé Pancho Villa et Emiliano Zapata. "C'était un rituel romantique d'utiliser ça au XXIesiècle, mais je voulais faire de lui un portrait pour l'Histoire", explique le photographe.

Joëlle Stolz

Sarko et Carla

ie Hebdo N° 809 - 19 décembre 2007 Sommaire
Extrait
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Le zapping présidentiel

François Jost, sémiologue et professeur à la Sorbonne

"La communication de Nicolas Sarkozy s'inscrit dans un présent perpétuel"

Le monde

François Jost, sémiologue et professeur à la Sorbonne, décypte la stratégie de communication présidentielle.

La rencontre avec le président Kadhafi à Paris, la sortie avec Carla Bruni, le rendez-vous avec le pape : que vous inspirent ces trois séquences ?

Je ne suis pas sûr que ces trois images soient parfaitement compatibles. Ni que l'une puisse chasser l'autre. La séquence avec Kadhafi raconte une histoire qui touche l'humanité. Les grands principes, les droits de l'homme ne se montrent pas, ne sont pas télévisuels. Ce n'est plus du ressort de la seule illustration et de la dimension individuelle. C'est une limite que Nicolas Sarkozy n'avait pas rencontrée jusqu'alors. Sa communication est faite de symboles. Cela fonctionne tant qu'il les maîtrise. Dans la photo prise à Disneyland avec Carla Bruni, par exemple, il y a une deuxième lecture : celle d'un Français simple qui aime les attractions venues d'Amérique. Sur le perron de l'Elysée avec Kadhafi, il n'a plus la maîtrise des symboles. Le président libyen est apparu poing levé vers le ciel comme un vainqueur, il a utilisé Nicolas Sarkozy pour sa propre stratégie de communication.


Dans un livre coécrit avec Denis Muzet, intitulé Le Téléprésident, à paraître le 10 janvier, vous analysez le lien entre la communication du président et la télévision. En quoi y a-t-il adéquation entre ces deux univers ?

Sa communication s'inscrit dans un présent perpétuel. Elle est en accord avec la vision du monde construite par la télévision ces dix dernières années. Nicolas Sarkozy n'a pas pour modèle Hollywood mais l'univers télévisuel, avec ses émissions de télé-réalité, ses talk-shows et une conception de l'information qui privilégie le temps réel, la mise en avant des victimes et les témoignages au détriment des analyses. Le président se déplace dans ce monde où l'on change de situation chaque seconde, avec un effet de zapping incroyable.

Pensez-vous que cela puisse fragiliser la fonction présidentielle et amoindrir la crédibilité de son titulaire ?

Nicolas Sarkozy a montré qu'il voulait sortir des protocoles. Il est en train de désacraliser la fonction présidentielle. Je ne suis pas sûr que les Français en aient vraiment envie et je ne suis pas sûr qu'il puisse revenir en arrière. Sa communication risque d'avoir des limites quand il va tomber sur des sujets qui ne relèvent plus d'un livre d'images.

Propos recueillis par Laurence Girard

Un p'tit video

02:38

Sarkoland....

"Plus belle la vie", à l'Élysée, par Gérard Courtois


Le monde

Il y a deux mois à peine, le studio Sarkozy tournait le dernier épisode de "Desperate Housewifes à l'Elysée". Comme dans tout feuilleton télévisé, il y a un moment, cruel, où il faut bien faire disparaître l'un des personnages pour relancer le scénario. En l'occurrence, ce fut Cécilia, l'héroïne, qui en fit les frais. Avec ses humeurs, ses coups de coeur et ses états d'âme, elle occupait l'écran depuis des années ; elle en est sortie du jour au lendemain.

Après quelques semaines de tâtonnements et de bouts d'essai, le même studio vient de lancer une nouvelle série, "Plus belle la vie à l'Elysée". Le décor est le même, le personnage principal aussi puisqu'il s'agit du président de la République. Mais à son côté, Carla a remplacé Cécilia. Ensemble, ils sont allés passer un week-end de rêve à Disneyland. Hier, ils promenaient leur idylle dans les jardins centenaires du château de Versailles ; demain, peut-être, sur les rives millénaires de l'Egypte. Pour l'instant, tout va bien. La suite au prochain épisode...

L'on pourrait, comme le fait d'ailleurs la presse étrangère, continuer à ironiser longtemps sur la saga clinquante mise en scène par Nicolas Sarkozy depuis le 6 mai, de la soirée d'élection au Fouquet's jusqu'aux vacances de nouveau riche aux Etats-Unis, depuis la retraite inaugurale sur le yacht de Vincent Bolloré jusqu'à l'augmentation de salaire de 170 % exigée du Parlement, depuis l'entrée triomphante dans le palais présidentiel avec femme et enfants, jusqu'au divorce au sommet annoncé voilà deux mois.

Sans oublier le coup d'éclat permanent, selon la jolie formule de François Hollande : libération des infirmières bulgares ou de l'équipage de L'Arche de Zoé, meeting matinal avec les cheminots en colère ou virile empoignade avec les marins-pêcheurs. Et quelques épisodes moins glorieux comme les palinodies russes ou les humiliations libyennes.

Avec un indéniable sens du spectacle, le chef de l'Etat a donc multiplié les épisodes et les rebondissements, utilisé les ressorts classiques du pouvoir, de l'argent et du sexe et s'est réservé le rôle du héros au grand coeur.

Le seul problème est que nous ne sommes pas dans une série télévisée. Pas davantage dans l'univers artificiel du show-biz ou dans celui de pacotille de la Star'Ac. Mais bien dans la réalité, au sommet de la République française, à la tête de la septième puissance mondiale. Or en quelques mois, Nicolas Sarkozy a transformé la fonction présidentielle plus sûrement que tous ses prédécesseurs et toutes les révisions constitutionnelles depuis près d'un demi-siècle. Il en a fait exploser l'image, la pratique et les valeurs.

L'image (comme le verbe d'ailleurs) se voulait rare, distancée, le plus souvent solennelle, parfois hautaine, voire hiératique. Toujours pénétrée de la différence et de la distinction présidentielles, nimbée des mystères du pouvoir. Elle est devenue permanente, démonstrative, mobile, décoincée, "nature" en quelque sorte, transparente jusqu'à la trivialité, familière jusqu'à la vulgarité, dans une proximité ostensible et volontiers surjouée avec le commun des citoyens.

Dans l'exercice du pouvoir également, tout concourt à abolir les distances : voilà un président qui gouverne comme un chef d'entreprise, sans craindre de rabaisser ses ministres au rang de collaborateurs ou d'exécutants. Qui ne fait plus mine d'arbitrer mais décide et tranche de tout et sur tout. Qui ne s'abrite plus derrière son équipe mais au contraire s'engage et s'expose jusqu'à l'exhibition. Qui manie enfin l'émotion, la compassion et l'empathie sans craindre d'y perdre sa dignité.

Quant aux valeurs, elles ont été blackboulées. A commencer par la modestie ou l'austérité républicaines dont le général de Gaulle avait imposé la discipline et dont ses successeurs ne s'étaient écartés, peu ou prou, que comme embarrassés et en catimini. Rien de tel chez Nicolas Sarkozy, qui n'entend se priver d'aucun des avantages offerts par la fonction et les assume avec d'autant plus d'appétit qu'ils les vit comme les signes extérieurs de sa réussite.

AU DIABLE HUGO, VIVE MICKEY !

De même, la frontière protectrice entre vie publique et vie privée a été effacée sans hésitation au profit de cet extravagant mélange des genres où joies et peines présidentielles sont livrées en pâture au bon peuple. Au point d'apparaître, au fil des épisodes, comme d'opportunes manoeuvres de diversion : ce fut le cas avec le divorce présidentiel annoncé le 18 octobre, le jour où commençait la grève dans les transports en commun ; et à nouveau avec la mise en scène de sa liaison avec Carla Bruni au lendemain du calamiteux séjour à Paris du président libyen.

On ajoutera enfin, au risque de paraître dangereusement guindé, que le choix par le chef de l'Etat de Disneyland pour afficher sa nouvelle "love affair" frise la provocation. Comme une manière de lancer à tous les donneurs de leçons parisiens : au diable les lourdeurs compassées de la culture française - d'ailleurs donnée pour morte par le magazine Time - et vive les paradis populaires du décor hollywoodien ! Au diable Victor Hugo et vive Mickey !


Tout cela, bien sûr, au nom d'une modernité, d'une efficacité et d'une sincérité affranchies des codes et rites désuets du pouvoir. Reste à évaluer si ce feuilleton présidentiel conduit à l'effacement du politique et si ce "style Sarko" désacralise la fonction au point de l'abaisser. A première vue, la réponse est non. Le président de la République a mis la même énergie à agir qu'à se montrer. Il a fait preuve de la même détermination à appliquer son programme et à réformer la France qu'à faire le beau. Sans gêne dans sa vie privée, il ne l'a pas été davantage pour bousculer les principes, les règles - les tabous, dirait-il - qui façonnent la France depuis des décennies.

Mais c'est au prix d'une redoutable inversion des valeurs. Transformer les citoyens en spectateurs du "Sarko Show" les dispense d'autant mieux d'être acteurs de la vie publique. Réduire la fonction de représentation du pays à l'incarnation de sa propre réussite pourrait bien dissoudre ce qui reste de bien commun et collectif au profit d'un individualisme démonstratif et triomphant. Gouverner par l'image et l'émotion, de façon épidermique, laisse d'autant moins de place à la rationalité et la pédagogie de l'action. Bref, remplacer la démocratie par la télécratie n'est pas sans risque. Pour le président lui-même, condamné à en faire toujours plus. Pour le pays, transformé en jouet magnifique d'un enfant-roi.