dimanche 5 juillet 2009
Les cyniques marchandages accentuent la désillusion des Mexicains
Au Mexique, le PRI à la reconquête du pouvoir
Dimanche 5 juillet, 73 millions d'électeurs mexicains sont appelés aux urnes pour renouveler les 500 députés du Congrès et choisir 6 des 32 gouverneurs des Etats. L'abstention à ce scrutin pourrait dépasser 60 %, pourtant ces législatives vont définir la marge de manoeuvre dont disposera le président Felipe Calderon durant la seconde moitié de son mandat de six ans. Tout indique que le vieux Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre gauche)
La conjoncture économique joue contre le PAN. Le produit intérieur brut (PIB) va chuter cette année de plus de 6 %, 12 000 entreprises ont fermé leurs portes depuis octobre 2008, on annonce la perte de 700 000 emplois.Les transferts de devises des émigrés, qui sauvaient de nombreuses familles de l'extrême pauvreté, ont diminué, en mai, de 20 %. Pour faire face aux dépenses budgétaires, le gouvernement devra sans doute se résoudre à instaurer une taxe à la consommation sur les aliments et les médicaments.
Même la "guerre contre la drogue", dont le président Calderon a fait son cheval de bataille, a des résultats mitigés : la délinquance augmente (+ 67 % par rapport au premier semestre 2008, selon le quotidien El Universal), ainsi que le nombre de morts, et le désarroi des populations les plus affectées.
Beaucoup se tournent vers le PRI, soucieux d'apparaître comme la force tranquille capable de restaurer ordre et prospérité. Dirigé par Beatriz Paredes, une "apparatchik" aguerrie qui avait brigué en 2006 la mairie de Mexico, il peut compter sur un maillage clientéliste de l'ensemble du territoire.
Un dernier sondage, le 1er juillet, accorde au PRI 38 % des voix (ce qui doublerait le nombre de ses députés), contre 33 % au PAN et 14 % au Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche). Deux autres formations de gauche, le Parti du travail (PT) et Convergencia totalisant 5 % des intentions de vote.
Mais le nombre d'indécis s'est accru au fil de la campagne : plus de 28 %. Autre facteur d'incertitude, le pourcentage d'électeurs qui annuleront leur bulletin afin d'exprimer leur mécontentement.
Environ 10 % de ceux qui veulent aller voter envisagent cette option, et réfléchissent déjà à la manière de prolonger leur mouvement après le scrutin. Ils réclament le droit à élire des candidats indépendants, la possibilité de réélire les maires et les députés (auxquels la loi impose une rotation trisannuelle, quels que soient leurs mérites), et une réforme du mode de financement des partis, assumé presque entièrement par l'Etat.
La démocratie mexicaine est de loin la plus chère d'Amérique latine, chaque suffrage exigeant un investissement de 17,24 dollars, contre 29 cents au Brésil, 41 cents en Argentine et 1,95 dollar en Colombie, révèle la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES). En 2006, la principale force d'opposition de gauche, le PRD, a reçu des pouvoirs publics 720 millions de pesos (40 millions d'euros). A lui seul, le petit Parti social-démocrate recueille chaque mois, aux frais du contribuable, une manne de 1,25 million de dollars.
La "partidocratie" nourrit des effets pervers. Le Parti vert écologiste mexicain (7 % des intentions de vote), qui a axé l'essentiel de sa campagne sur le rétablissement de la peine de mort pour les assassins et auteurs d'enlèvements, a intégré dans ses têtes de liste huit candidats liés aux deux plus puissantes chaînes de télévision privées, Televisa et TV Azteca.
Le duopole de l'audiovisuel, dont les parlementaires avaient essayé, en 2007, de réduire l'influence grâce à une réforme de la publicité électorale, disposerait ainsi d'un groupe de députés pour défendre ses intérêts au Congrès.
Ces cyniques marchandages accentuent la désillusion des Mexicains qui avaient cru que l'alternance de l'an 2000 marquait un point de non-retour sur le chemin de la démocratie. Mais le débat sur le "vote nul" touche surtout les couches les plus éduquées, celles qui ont accès à des médias critiques et à Internet - soit à peine 20 % des Mexicains.
"Le vote nul va renforcer le noyau dur des grands partis, car rien n'empêche d'être élu avec seulement 1 000 suffrages exprimés", confie au Monde l'ex-sénateur Javier Corral, candidat du PAN à la députation dans l'Etat de Chihuahua (Nord), adversaire courageux des grandes chaînes de télévision privées, auxquelles il reproche de manipuler la classe politique. "La démocratie mexicaine est trop fragile pour que l'on passe en vingt ans à peine du vote bafoué (en 1988, quand le PRI a remporté la présidentielle grâce à une fraude massive) au vote annulé, juge-t-il. Cela revient à dévaluer un instrument du changement démocratique que nous avons eu beaucoup de mal à faire respecter."
La reaction du lecteur:
Calderon a fait son cheval de bataille,a des résultats
mitigés»:"MITIGÉS"? Vous avez l’art de l’euphémisme!
+67% de délinquance en 6 mois,+de 10.000 morts
dans les 18 derniers mois...qui ne sont pas dûs à
l’usage de drogue,au nom de laquelle cette guerre est
menée,mais uniquement&directement dûs à la
PROHIBITION.Jusqu’où cette politique
catastrophique&criminelle doit-elle faire des ravages
pour que journalistes&opinion publique se réveillent?
Publié par Filotea y Meximiliano à 10:48 0 commentaires
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