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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT MEXICAIN EST ENTRE EN GUERRE SAINTE CONTRE SON PROPRE PEUPLE. ARRESTATIONS ARBITRAIRES D'HOMMES POLITIQUES COMME DE SIMPLES PASSANTS QUI AVAIENT LE MALHEUR DE SE TROUVER AU MAUVAIS ENDROIT AU MAUVAIS MOMENT, GENERALISATION DU VIOL DES PRISONNIERES, DE LA TORTURE Y COMPRIS SUR DES ENFANTS DE HUIT A DOUZE ANS , CENSURE DE TOUTE OPPOSITION... LA LUTTE NE FAIT QUE COMMENCER. El nuevo gobierno mexicano a entrado en guerra santa contra su propio pueblo. Imposición, traición, doble discurso, ruptura del pacto social, ningún respeto por los derechos humanos con la consiguiente tortura, prisión, muerte de luchadores sociales e inocentes. Censura y desprecio por la cultura y la educación.... LA LUCHA COMIENZA.

samedi 22 décembre 2007

Le "Sub" Marcos prend congé des médias

Le monde

Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico. | AFP/RICARDO TRABULSI
AFP/RICARDO TRABULSI
Le sous-commandant Marcos pose pour la revue "Gatopardo" avec pipe, tenue militaire et passe-montagne noir, emblême médiatique de la "révolution" zapatiste, en octobre, à Mexico.

Cette fois, il ne nous parle pas depuis les "montagnes du sud-est du Mexique". Pour avertir que le conflit armé pourrait se rallumer au Chiapas, le sous-commandant Marcos, porte-parole de la nouvelle révolution zapatiste, avait invité le gratin de la gauche altermondialiste à San Cristobal de las Casas, cité coloniale métamorphosée en Mecque de la contestation. Ici, dans certaines crèches de Noël, l'enfant Jésus porte un passe-montagne, emblème des insurgés.

Du 13 au 17 décembre, en hommage au défunt André Aubry, vieux compagnon de route du zapatisme, des centaines de personnes ont rempli la salle de conférences de l'université de la Terre, assez pimpante avec ses bâtiments de brique rose, ses ateliers et son élevage de canards.

A la tribune se sont succédé la crinière blanche de l'écrivain britannique John Berger, qui vit parmi les paysans de Haute-Savoie mais correspond depuis des années avec Marcos, la fringante Canadienne Naomi Klein, auteure du manifeste antimondialisation No logo, l'Américain Immanuel Wallerstein, pionnier de la pensée "antisystémique", le Brésilien Ricardo Gebrim, du Mouvement des sans-terre, ou encore le Mexicain Gustavo Esteva, disciple du libertaire Ivan Illitch et témoin de la rébellion, en 2006, de la ville mexicaine de Oaxaca.

Ce "conclave d'exception", écrit le quotidien de gauche LaJornada, se salue, s'embrasse, se congratule. La chemise sport, assortie de solides chaussures de marche, semble dominer chez les hommes, tandis que, côté féminin, on note un faible pour le corsage à broderies indiennes, avec des châles pour affronter le froid nocturne (San Cristobal est à plus de 2000m d'altitude). Noam Chomsky manque à l'appel, mais il y aura sûrement un orateur pour le citer. Le célèbre linguiste n'a-t-il pas affirmé que le zapatisme représente "l'initiative politique la plus radicale et peut-être la plus importante" sur la planète? Connus ou pas, les participants doivent chaque jour ronger leur frein en attendant l'arrivée de Marcos. Enfin, un frémissement parcourt l'assistance, et le voilà, flanqué de quelques membres de l'Armée zapatiste de libération nationale, l'EZLN, en général très jeunes, et qui resteront debout près de la tribune, silencieux, visage masqué. Applaudissements.

A 50 ans sonnés – si son vrai nom est bien Rafael Guillen, comme l'affirment les autorités mexicaines –, la silhouette du "Sub" (prononcer "soub") s'est alourdie sous l'éternelle tenue militaire. Mais il a encore des yeux tendres, des mains soignées et une voix séduisante. Autour du cou, telle une relique desséchée, il garde le foulard qu'il portait lors de l'insurrection du 1er janvier 1994.

Celle-ci avait été déclenchée le jour de l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre le Mexique et les Etats-Unis, afin d'attirer l'attention sur la misère des communautés indiennes. L'Armée zapatiste de libération nationale avait accepté un cessez-le-feu après douze jours de combats, stabilisant peu à peu son emprise sur 39 municipalités "autonomes" de l'Etat du Chiapas. Soit quelque 3000 "communautés de base d'appui", 300000 paysans – dont 12000 armés –, et 250000 hectares récupérés auprès de gros planteurs ou d'éleveurs.

Ces terres suscitent bien des convoitises. Depuis un an, les zapatistes se plaignent d'être harcelés par des groupes paramilitaires, avec la complicité des autorités de l'Etat, officiellement étiquetées à gauche.

La réunion de San Cristobal a permis à Marcos de ranimer des réseaux de solidarité qui s'étiolaient. D'où des horaires bizarres, les hôtes de marque étant reçus en petit comité durant la journée, pendant que les autres trompent leur ennui en ville, où l'on n'échappe pas aux porte-clés en forme de guérilleros. John Berger, qui n'était encore jamais venu au Mexique, a découvert en territoire autonome une "autorité sans autoritarisme". Naomi Klein, qui présentait son nouvel opus sur le "capitalisme du désastre", constate que les zapatistes "ne sont pas faciles".

Après quelques sarcasmes sur les colloques, qui sont pour lui des "masturbations théoriques", des "défilés de mode dont les participants exhibent leur anorexie intellectuelle", Marcos a durci le ton : "L'EZLN est une armée. Très différente [des autres], certes, mais une armée." Dont il est, lui, le "chef militaire". Or "la guerre, comme la peur, a une odeur, et l'on commence à respirer son odeur fétide sur nos terres". Il annonce une retraite médiatique, "au moins pendant un bon moment". Les zapatistes doivent redéfinir à huis clos leur stratégie. A la journaliste Laura Castellanos, à qui il s'est récemment confié, Marcos a laissé entendre que ce pourrait être sa "dernière interview".

"Nous sommes passés de mode", se plaint-il. Dans ses propres rangs, on lui reproche son mépris pour la gauche mexicaine. Beaucoup d'intellectuels, qui avaient accompagné, en mars 2001, la triomphale marche zapatiste vers Mexico, se sont éloignés.

Conséquence de cet isolement : le soutien financier dont a longtemps bénéficié l'EZLN, notamment grâce à des réseaux italiens, se réduit. Au sein des municipalités "autonomes", des tensions apparaissent, et les jeunes sont toujours plus nombreux à émigrer.

Le "Sub" songe parfois à rédiger une thèse de doctorat, ou à prendre des vacances. Il a des insomnies. Il exclut de retourner à la lutte armée, même s'il promet de riposter en cas d'attaque. Sans passe-montagne, en tout cas : trop inconfortable. Et il garde l'œil fixé sur 2010, bicentenaire de l'indépendance et centenaire de la révolution mexicaine. Car, dit-il, "au moins une fois par siècle, le peuple mexicain dit non ".

Joëlle Stolz

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