Métissage

"Courrier international" Une Amérique "brown"

A en croire un sondage, 57 % des ados américains qui ont déjà eu des relations sexuelles ont choisi un partenaire d'une autre communauté. Outre-Atlantique, on trouve désormais des couples bigarrés, mêlant, de génération en génération, toujours plus d'origines (voir notre dossier pp. 38-45). Ce qui est en jeu dans ce nouveau melting-pot est le désir de l'Autre, le désir de ce qui est tout à la fois le même, puisque américain, et un autre... De plus, cette évolution sociale - et érotique - se traduit aussi par une révolution culturelle. Désormais, les icônes des jeunes (et des moins jeunes) ne sont plus seulement des acteurs blancs pur jus ou des idoles se revendiquant africaines-américaines. Tout est plus métissé, plus "brown", dirait l'essayiste Richard Rodriguez. Bien entendu, les Hispaniques jouent un grand rôle dans ce bouleversement, mais pas seulement eux. Les enfants d'immigrés d'Asie ou du Moyen-Orient y ont leur part. Et sur le Vieux Continent ? Le métissage y est aussi à l'oeuvre dans la musique, la langue et parmi les nouveaux pacsés. Mais aux Etats-Unis la mutation va sans doute plus vite, car elle part de plus loin, les Américains ayant l'habitude jusqu'à aujourd'hui de se définir en terme de "races", ce qui ne se fait plus en Europe. Nul doute que cette révolution va se poursuivre, et qu'elle peut à terme - à trop long terme ? - adoucir les moeurs politiques et géopolitiques d'une Amérique aujourd'hui dominatrice et peu sûre d'elle-même.

Philippe Thureau-Dangin