Mexique: la drôle de lutte antidrogues du président Calderon
Par Catherine Segal (Rue89) C’est à un drôle de jeu que se livrent ces derniers mois les autorités mexicaines dans la lutte contre le narcotrafic. Officiellement, le nouveau président, Felipe Calderon, a lancé à son arrivée au pouvoir à l’automne une guerre totale contre les cartels, s’appuyant non plus sur la police, accusée de corruption, mais sur l’armée. Depuis, les opérations-choc se succèdent, et plus de 1 400 personnes ont été arrêtées. Pourtant sur le terrain, c’est une autre histoire.L’éradication aérienne des cultures, clef du dispositif de lutte contre le trafic, a été totalement interrompue pendant quatre mois, en pleine saison de récolte du pavot, dont le Mexique est un important producteur. Explication: le 28 novembre dernier, les 400 employés de la Direction spécialisée de la PGR (Procuradoria general de la Républica, ministère de la Justice) et leurs superviseurs, dont certains spécialisés dans la lutte antidrogues depuis près de trente ans, ont soudain été sommés de cesser toute activité. Depuis, ils se contentent de pointer le matin et observent, médusés, les méthodes de travail de l’armée censée les supplanter.
Alors même que celle-ci n’a repris les vols d'éradication que début avril, après plusieurs mois de travail au sol, le dernier bilan semestriel publié le 13 mai par le ministère de la Défense fait apparaître des saisies record, mais aussi la destruction de 110 000 plantations de pavot et de marijuana. Soit cinq fois plus que ce qu’accomplissait jadis la Direction générale de l’éradication (DGE) en un an.
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