La Banque du Sud
Six pays latino-américains annoncent la création d'une Banque du Sud
Les ministres de l'économie de six pays sud-américains se sont mis d'accord, jeudi 3 mai à Quito, sur un calendrier en vue de la création d'une Banque du Sud. Outre l'Argentine et le Venezuela, qui ont pris l'initiative de la nouvelle institution régionale, étaient représentés le Brésil, la Bolivie, l'Equateur et le Paraguay. Une réunion technique est prévue à Rio de Janeiro le 11 mai, suivie d'une nouvelle rencontre ministérielle, le 22 mai à Asuncion.
La fondation de la Banque du Sud pourrait être signée le 22 juin à Asuncion ou le 26 juin à Caracas. Le ministre équatorien Ricardo Patino a souhaité, d'ici là, l'adhésion d'autres pays latino-américains.
"La proposition de l'Equateur est de créer deux institutions, le Fonds du Sud et la Banque du Sud, comme réponse politique au Fonds monétaire international, qui est un désastre pour le tiers-monde. (...) Le FMI est devenu le gendarme des créanciers de la région", a précisé le président équatorien, Rafael Correa. Il a proposé de placer les réserves internationales dans ce Fonds du Sud. "Nous ne pouvons pas continuer à placer 200 milliards de dollars de réserves dans le "premier monde" et ensuite nous soumettre à ses conditions pour obtenir quelques dollars", a-t-il plaidé. Les institutions proposées visent à bâtir "une nouvelle architecture financière mondiale" éloignée de la logique du marché et vouée à la "coopération et au développement", ajoute-t-il.
AUTONOMIE FINANCIÈRE
La ministre argentine, Felisa Miceli, estime que la Banque du Sud permettra d'"améliorer l'autonomie financière" des pays participants. Les Argentins y sont d'autant plus intéressés qu'ils font face à de lourdes échéances de leur dette d'ici à 2009. Son homologue brésilien, Guido Mantega, aspire à former "un grand bloc" de nations, comme l'Europe. A son avis, l'expérience du Brésil et de l'Argentine, qui commercent dans leurs monnaies respectives, pourrait s'étendre aux autres pays sud-américains.
La position brésilienne semble s'être rapprochée de celle de l'Argentine. Le 27 avril, le président Luiz Inacio Lula da Silva a souligné la nécessité de "discuter la finalité d'une telle banque : s'agit-il d'une banque de développement ? Quelle forme prendra la participation des pays ? Nous avons besoin d'une institution avec beaucoup de crédibilité", a-t-il déclaré.
Selon M. Mantega, "l'apport de réserves internationales (de chaque pays) n'est pas le meilleur moyen de capitaliser la banque", contrairement à ce qu'a proposé le président vénézuélien, Hugo Chavez. Ainsi, les normes constitutionnelles en vigueur, au Brésil et ailleurs, ne permettent pas de disposer librement des réserves en devises étrangères. Même si, au Venezuela, l'usage discrétionnaire et opaque des réserves de la Banque centrale et de la rente pétrolière donne au chef de l'Etat le sentiment qu'il peut tout faire.
A Quito, le ministre brésilien devait "s'assurer que les normes modernes du système bancaire seraient respectées" et que la banque "ne serait l'instrument politique de personne". Brasilia souhaite que la nouvelle institution régionale finance des projets de développement, comme le fait déjà, d'ailleurs, la Corporation andine de développement (CAF), qui jouit d'une meilleure réputation que la Banque interaméricaine de développement (BID).
En cas de difficultés financières, les pays de la région peuvent recourir au Fonds latino-américain de réserves. Depuis que le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Venezuela ont remboursé par anticipation leur dette auprès du FMI, les crédits à destination de l'Amérique latine sont tombés à 1 % de son portefeuille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire