«Bienvenue à notre président légitime»
L'ex-futur président mexicain en virée
López Obrador, battu à la corde par son rival de droite en juillet, veut maintenir «la flamme».
Liberation
Par Babette STERN
QUOTIDIEN : mercredi 11 avril 2007
Chiapas de notre envoyée spéciale
Un calicot «Bienvenue à notre président légitime» barre la rue principale. Une estrade a été dressée sur le Zócalo , la grand-place. Dans une petite tente s'affairent des volontaires. Munis d'ordinateurs, ils inscrivent tous ceux qui veulent poursuivre le «mouvement de résistance». Et ils sont nombreux à faire la queue pour repartir avec une carte de «délégué». La petite ville mexicaine de Villa Comatitlán, 13 000 habitants, sur la côte pacifique du Chiapas, est prête à recevoir celui que beaucoup considèrent toujours comme le véritable président du Mexique : Andrés Manuel López Obrador, le leader du PRD (Parti révolutionnaire démocratique, gauche), battu le 2 juillet 2006 de 0,5 % des voix à peine par le président de droite, Felipe Calderón, dont il conteste la victoire. Depuis le début de l'année, López Obrador a entrepris de faire la tournée des 2 446 municipalités mexicaines «pour que les 15 millions de votes en [sa] faveur ne soient pas perdus, pour que la flamme de l'espoir ne s'éteigne pas».
Un calicot «Bienvenue à notre président légitime» barre la rue principale. Une estrade a été dressée sur le Zócalo , la grand-place. Dans une petite tente s'affairent des volontaires. Munis d'ordinateurs, ils inscrivent tous ceux qui veulent poursuivre le «mouvement de résistance». Et ils sont nombreux à faire la queue pour repartir avec une carte de «délégué». La petite ville mexicaine de Villa Comatitlán, 13 000 habitants, sur la côte pacifique du Chiapas, est prête à recevoir celui que beaucoup considèrent toujours comme le véritable président du Mexique : Andrés Manuel López Obrador, le leader du PRD (Parti révolutionnaire démocratique, gauche), battu le 2 juillet 2006 de 0,5 % des voix à peine par le président de droite, Felipe Calderón
Sous les bravos. «Il vient motiver les troupes et, nous, on est derrière lui», explique le leader local du PRD, Arcadio Torrez, par ailleurs patron de la rôtisserie El Pollo Feliz («le poulet heureux»). «Il veut un vrai changement dans le pays. J'en suis sûr, le peuple aura le dernier mot. López Obrador est notre président authentique.» Le voilà justement qui fend la foule, serre des mains, embrasse femmes et enfants. Lui qui officiellement n'est plus qu'un ex-candidat battu, sans même un siège de parlementaire, monte sur l'estrade sous les bravos, et se fait passer l'écharpe présidentielle. Malgré «la fraude électorale, c'est sûr, nous avons gagné», lance-t-il sous les applaudissements.
Chaque semaine, du jeudi au dimanche, López Obrador reprend ainsi la route comme si la campagne électorale n'avait jamais cessé et partout la foule est au rendez-vous. Le 25 mars, jour de la deuxième Convention nationale de son mouvement, sur le Zócalo de Mexico, près de 150 000 personnes sont venues l'écouter, accompagné de son «gouvernement» au grand complet, six femmes et six hommes. Mot d'ordre général : prendre Felipe Calderón en défaut et, si possible, faire tomber le gouvernement.
Mais cette apparente unité n'est pas toujours de mise, notamment au Congrès. Depuis les dernières élections, le PRD est la deuxième force parlementaire derrière le parti du président Calderón (Parti d'action nationale). L'action de ces parlementaires est erratique et les consignes de vote ne sont pas toujours respectées. Après de multiples amendements, le PRD a ainsi, finalement, voté le budget de Calderón...
L'unanimité ne règne pas non plus au niveau des gouverneurs d'Etats du PRD. Cinq sur six ont choisi la légitimité constitutionnelle : il est vrai que leurs budgets viennent du gouvernement fédéral. Seul Marcelo Ebrard, maire du district fédéral (la capitale), qui a succédé à López Obrador à la tête d'une des plus grandes villes du monde, reste dans la ligne du leader du PRD.
Multiples courants. Le parti est donc traversé de multiples courants. Malgré le bon score du 2 juillet, certains s'agacent de l'attitude de leur ex-candidat et ne voient pas très bien où tout cela peut conduire. «Que va faire le PRD d'Andrés Manuel López Obrador ? Comment réconcilier les manifestations de rue avec les négociations au Congrès ? Comment exiger une refondation drastique du régime tout en en faisant partie ?» s'interroge la politologue Denise Dresser dans le magazine de gauche Proceso, sans apporter de réponse.
Les premiers tests de la stratégie de López Obrador auront lieu dès cette année, avec des élections de trois gouverneurs d'Etats. Puis en 2009, avec les élections de mi-mandat, où la moitié des sénateurs et la totalité des députés seront renouvelés.
Le courrier international: 22 déc. 2006 |
Le Mexique aux urnes |
Sur les bulletins : Mains propres ; Plus de sécurité ; Les pauvres d'abord ; Emploi ; Plus d'argent ; Pas d'impôts ; Promesses… |
2 juillet Election présidentielle, avec une toute petite victoire du conservateur Felipe Calderón face au candidat de la gauche, Andrés Manuel López Obrador, qui conteste aujourd'hui encore le résultat du scrutin. |
Dessin de Boligán |
paru dans El Universal(Mexico) |
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