MEXIQUE • L’aide américaine augmente, l’ingérence aussi
Voila ce que publie le courrier international le 30 août 2007:à propos de Plan Mexique ultra secret ....
Les Etats-Unis vont verser plus d’un milliard de dollars pour lutter contre le trafic de drogue. Mais cet accord, qui a été signé dans le plus grand secret, pourrait mettre à mal la souveraineté mexicaine.
Après plusieurs mois d’incertitude, le ministre de la Justice Eduardo Medina Mora vient de confirmer que le Mexique et les Etats-Unis négocient un accord similaire au Plan Colombie pour lutter contre le trafic de drogue, le crime organisé et le terrorisme. Sans donner plus de détails, il a précisé que ce plan serait “bientôt appliqué” au Mexique et que les Etats-Unis consentiraient un effort encore plus important que pour le Plan Colombie. L’assistance des Etats-Unis prendra la forme d’un apport d’équipements, de technologies et de formation militaires. La veille de cette annonce, le département d’Etat étasunien a révélé au Washington Post que le programme – qui devrait coûter entre 700 millions et 1,2 milliard de dollars les deux premières années – comprendra la fourniture de moyens d’espionnage et de surveillance (notamment du matériel d’écoute et des radars pour détecter les avions des trafiquants), des avions et des hélicoptères pour transporter les bataillons d’élite, et “diverses formations” destinées aux militaires et aux policiers. Selon certaines sources, des négociations seraient également en cours pour le “don” de sept hélicoptères de combat Black Hawk et une augmentation des moyens attribués aux services de renseignements.
Medina Mora n’a pas voulu parler du contenu du plan – traité par le gouvernement mexicain avec le plus grand secret –, mais a assuré qu’il n’y aurait “aucune ingérence extérieure” et que “la conduite des opérations” serait confiée à des officiers mexicains.
Le Plan Mexique, qui a commencé à se dessiner en janvier dernier, implique diverses instances du gouvernement étasunien : le département d’Etat, le ministère de la Justice, le département de la Sécurité intérieure, le Pentagone, la CIA, le FBI et la DEA (agence antidrogue). Il a été accordé dès le début que le coût de la “collaboration” serait pris en charge par Washington. Toutefois, malgré les démentis de Medina Mora et de la ministre des Relations extérieures mexicaine, Patricia Espinosa, l’aide militaire et policière est soumise à conditions. Etant donné son coût élevé – jusqu’à 1,2 milliard de dollars les deux premières années, soit beaucoup plus que les 46 millions de dollars prévus par les accords bilatéraux en vigueur pour l’aide antidrogue et antiterroriste –, le président Bush devra faire approuver en septembre le déblocage des fonds par le Congrès. On se souviendra que Bill Clinton avait également demandé en 2000 un “supplément d’urgence” de 1,3 milliard de dollars pour démarrer le Plan Colombie.
C’est la diplomatie de guerre de Washington
Dans le Plan Colombie, 80 % des 4,8 milliards de dollars débloqués ces sept dernières années ont servi à former les troupes, à créer des brigades comptant environ 2 600 soldats et à acheter des équipements (notamment des armements et des hélicoptères Black Hawk). Cet accord permet également à 500 militaires étasuniens de stationner dans les bases militaires du pays et d’entraîner les soldats colombiens, auxquels il convient d’ajouter 4 000 “prestataires privés” (des mercenaires) sous-traités par le Pentagone pour effectuer des missions d’espionnage et former les personnels militaires.
Les responsables mexicains ont beau affirmer qu’ils ne laisseront pas l’armée et la police étasuniennes s’ingérer dans les affaires du Mexique, on sait bien que fournir des moyens de répression à des régimes autoritaires étrangers est une pratique courante dans la diplomatie de guerre de Washington. Dans le cadre d’une stratégie globale post-Vietnam et sous prétexte de renforcer les défenses du “monde libre” contre la “menace communiste” – un ennemi des plus imprécis, désormais remplacé par les “guerres” contre les drogues et le terrorisme –, divers locataires de la Maison-Blanche, de connivence avec de grands patrons du complexe militaro-industriel, ont utilisé les plans d’aide militaire, les programmes de ventes militaires à l’étranger et autres plans de lutte antidrogue pour infiltrer les gouvernements, les armées et les polices des pays du tiers-monde. Les programmes d’entraînement, les contrats de services, d’entretien et d’assistance technique permettent aux élites militaires et policières de nouer des contacts. Les fournisseurs (le couple formé par le Pentagone et l’industrie de la défense étasunienne) établissent ainsi, avec des chefs militaires de haut rang du pays hôte, des liens institutionnels et personnels inscrits dans la durée. Tout au long de l’histoire, les Etats-Unis ont instauré par ce biais des relations de pouvoir avec l’Amérique latine et participé directement à des processus de déstabilisation, des coups d’Etat, des opérations secrètes et des conflits armés internes.
La Jornada
Et aujordhui
LE REPÈRE • Bush finance un "plan Mexique" contre le trafic de drogue |
La Maison-Blanche a annoncé lundi 22 octobre le déblocage d'une aide de 1,4 milliard de dollars (990 millions d'euros) en faveur du Mexique et d'autres pays d'Amérique latine pour soutenir la lutte contre le trafic de stupéfiants, explique le Los Angeles Times. Si le Congrès donne son accord, 550 millions de dollars (388 millions d'euros) devraient être versés immédiatement, dont 500 millions pour le Mexique et 50 millions pour six pays d'Amérique centrale. Le reste des fonds sera distribué sur une période d'une à deux années. Ce budget représente dix fois l'équivalent annuel de l'aide au Mexique pour la lutte antidrogue. |
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