Auto attentats?
Le petit journal Spectaculaires attentats contre des gazoducs de la Pemex |
Le président Felipe Calderon doit affronter un nouveau défi depuis qu'un mouvement de guérilla a revendiqué, mardi 10 juillet, le sabotage d'un important gazoduc de la compagnie nationale d'hydrocarbures, Pemex. Ces explosions spectaculaires n'ont pas fait de victime, mais ont perturbé l'activité de nombreuses entreprises du centre du Mexique
De lourd travaux rapidement mis en oeuvre (source : ER)
Depuis mercredi, l'armée a renforcé la surveillance des installations pétrolières dans douze états de la fédération. Les dégâts causés, mardi, au gazoduc Mexico-Guadalajara devraient
être réparés assez vite, et l'approvisionnement rétabli dès jeudi. Le secteur privé a exprimé
son "indignation" au sujet de ces attentats, et le président Calderon a déploré que "certains s'emploient à détruire ce qui appartient à tous".
Le communiqué publié mardi par l'Armée populaire révolutionnaire (EPR) a pris de court le gouvernement mexicain, engagé depuis sept mois dans une offensive de longue haleine contre les cartels de la drogue; lutte qui mobilise toute son attention et une partie des forces militaires.
Apparue en 1996 à la suite d'un massacre de paysans attribué à des paramilitaires, l'EPR a connu plusieurs scissions depuis. Groupe de guérilla rival de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) du sous commandant Marcos, l'EPR n'a pas pris le contrôle d'une région mais dispose de cellules dans les montagnes des états de Guerrero et d'Oaxaca.
Après un coup d'éclat contre la base militaire de Huatulco, sur la côte pacifique d'Oaxaca, l'EPR était devenu un "groupe armé virtuel" qui se manifestait surtout par des communiqués. En novembre 2006, cinq groupuscules dissidents de l'EPR ont posé des charges explosives devant des banques, le tribunal fédéral électoral, ainsi qu'au siège du PRI, auquel appartient le très controversé gouverneur de l'état d'Oaxaca, Ulises Ruiz.
Dans un texte posté, mardi, sur un site Internet utilisé par des groupes armés latino-américains, l'EPR revendique les attentats à l'explosif commis les 5 et 10 juillet contre le gazoduc qui alimente les états de Guanajuato et de Queretaro, tous deux gouvernés par le Parti d'action nationale (PAN) au pouvoir.
Des cibles hautement stratégiques
Les explosions du 5 juillet avaient été attribuées au mauvais état chronique des canalisations de la Pemex, mais le gouvernement a reconnu leur nature criminelle.
Les attentats des 5 et 10 juillet contre des gazoducs ont instantanément paralysé l'activité économique de centaines d'entreprises dépendantes des livraisons de gaz.
En choisissant de viser un gazoduc alimentant deux grandes usines des constructeurs automobiles japonais Nissan et Honda, au chômage technique faute de gaz, l'EPR donne pour la première fois une dimension internationale à son action et met dans l'embarras le président mexicain.
L'EPR annonce qu'elle va poursuivre ses opérations de "harcèlement" contre le gouvernement de M. Calderon et celui de M. Ruiz tant que deux de ses militants arrêtés, selon elle, en mai 2006 à Oaxaca, resteront emprisonnés. Mais les autorités mexicaines nient leur détention.
Le gouvernement est donc confronté indirectement à un nouveau développement du conflit de Oaxaca dont nous avons consacré un article le mardi 19 juin dernier (voir archives). Conflit qui s’envenime et qui mine les ambitions et les projets économiques du président Felipe Calderon surtout sur le plan international. Ces actes ont pour objectif de "perturber" l’image du Mexique auprès des touristes et investisseurs potentiels au détriment bien sûr des intérêts de tous les Mexicains et c’est bien cela le drame.
Alain FIGADERE. (www.lepetitjournal.com - Mexico) vendredi 13 juillet 2007
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