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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT MEXICAIN EST ENTRE EN GUERRE SAINTE CONTRE SON PROPRE PEUPLE. ARRESTATIONS ARBITRAIRES D'HOMMES POLITIQUES COMME DE SIMPLES PASSANTS QUI AVAIENT LE MALHEUR DE SE TROUVER AU MAUVAIS ENDROIT AU MAUVAIS MOMENT, GENERALISATION DU VIOL DES PRISONNIERES, DE LA TORTURE Y COMPRIS SUR DES ENFANTS DE HUIT A DOUZE ANS , CENSURE DE TOUTE OPPOSITION... LA LUTTE NE FAIT QUE COMMENCER. El nuevo gobierno mexicano a entrado en guerra santa contra su propio pueblo. Imposición, traición, doble discurso, ruptura del pacto social, ningún respeto por los derechos humanos con la consiguiente tortura, prisión, muerte de luchadores sociales e inocentes. Censura y desprecio por la cultura y la educación.... LA LUCHA COMIENZA.

vendredi 15 juin 2007

Operation Return to Sender

Le monde

La chasse américaine aux sans-papiers


Il est à peine 8 heures du matin lorsque Francesca reçoit un coup de téléphone de Jesus, son mari. Il crie qu'ils sont là, qu'ils jaillissent de partout, des hommes par centaines venus arrêter les sans-papiers de l'usine. Francesca n'y croit pas, puis s'affole, lui conseille de courir, de prendre la porte, de s'enfuir à travers champs. Loin, très loin de Worthington, cette ville-dortoir accrochée au bord d'une autoroute du Minnesota et dans laquelle ils habitent depuis des années. Jesus ne répond plus.

Francesca ne le reverra pas. Jesus a été pris, comme beaucoup d'autres, dans les mailles du filet des fédéraux américains. Capturé au cours d'une descente des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), cette police de l'immigration chargée de la lutte contre les clandestins. Une arrestation soigneusement préparée, comme toutes celles inscrites dans le nouveau plan gouvernemental Operation Return to Sender (opération "Retour à l'envoyeur"), qui a déjà touché, en moins d'un an, plus de 23 000 personnes. Un chiffre en rapide augmentation ces derniers mois et qui bouleverse profondément les communautés immigrées à l'heure où le Congrès, à Washington, n'en finit pas de discuter du projet de loi qui permettrait de régulariser les douze millions de sans-papiers qui vivent aux Etats-Unis.

"Jusqu'à récemment, ceux qui réussissaient à entrer dans le pays n'avaient pas grand-chose à craindre. Mais la multiplication des raids dans les entreprises a changé la donne", raconte tristement Francesca. Elle n'a pas bougé. Quatre mois après l'expulsion de Jesus, le 30 janvier, vers son Salvador d'origine, la jeune femme de 36 ans a choisi de rester dans cette petite agglomération sans relief, mais où le travail ne manque pas. Tout autour, au-delà des cultures de maïs et de betteraves qui s'étendent à perte de vue, les fermes agricoles et d'élevage tournent à plein. Et puis, il y a Swift, cette immense usine d'abattage de porcs, plantée à l'entrée de la ville, où l'on recrute chaque semaine en raison d'une rotation élevée de main-d'oeuvre peu qualifiée.

Derrière l'enseigne rouge vif, plus de 2 000 personnes aux salaires négociés avec le syndicat local. Un travail à la chaîne, toujours répétitif et souvent éprouvant, mais dont le tarif horaire s'échelonne de 11 à 13 dollars (de 8 à 10 euros environ), soit pratiquement le double de celui d'un plongeur dans un restaurant ou d'un serveur chez le McDo du coin. Ici, presque les deux tiers des ouvriers sont d'origine latino-américaine. Une main-d'oeuvre immigrée qui n'a cessé de grossir ces deux dernières décennies, poussée par la pression démographique des Etats voisins du Wisconsin et de l'Illinois, avec sa foisonnante Chicago, où leur nombre dépasse déjà les moyennes nationales.

Au cours du raid chez Swift, 230 travailleurs en situation irrégulière ont été arrêtés aux côtés de Jesus. Presque tous provenaient d'Amérique centrale. Tous ou presque ont été expulsés, comme l'autorisent les nouvelles procédures. Dix-sept de ces ouvriers sont encore incarcérés dans le centre pénitentiaire Elk River, près des "villes jumelles" de Minneapolis et Saint Paul, capitale fédérale du Minnesota. Un petit groupe a été inculpé de charges criminelles pour "faux papiers, vol et usurpation d'identité". Ils risquent la prison ferme avant d'être, très certainement, expulsés à leur tour.

Depuis les événements chez Swift, d'autres chasses aux sans-papiers ont eu lieu : dans le Michigan, en Floride, Arizona, Californie, Illinois, Massachusetts, Maryland... et une nouvelle fois dans le Minnesota, le 13 avril, à Willmar, à une heure de route au nord de Worthington,

dans une usine de conditionnement de la dinde. Fait rarissime dans ce pays où la carte d'identité n'existe pas, des contrôles ont été effectués, le 19 mai, par les agents de l'ICE à Minneapolis dans les quartiers sud à forte population mexicaine.

Toutes ces opérations ont fini par provoquer des réactions d'hostilité dans de nombreuses municipalités. Des mouvements de colère provenant d'associations de défense des immigrés et soutenues par de hauts dignitaires de l'Eglise catholique ont éclaté à travers le pays. Rappelant les initiatives qu'avaient connues les Etats-Unis dans les années 1980, lorsque des églises accueillaient les populations fuyant les guerres civiles d'Amérique centrale, certaines paroisses proposent depuis quelques semaines des sanctuaires aux sans-papiers. Initiatives reprises par des mairies, comme celle de San Francisco. Dans un texte commun, les sept évêques du Minnesota ont appelé à l'arrêt immédiat des raids, "qui sapent les efforts engagés afin de rapprocher les différentes communautés et violent les droits des travailleurs et la dignité du travail". Proclamation solennelle qui place l'Eglise au chevet des immigrés latinos, catholiques à 90 %.

St. Mary est la plus grande des neuf églises hispaniques que compte Worthington. Chaque dimanche, la messe en anglais est suivie d'une messe en espagnol devant une salle comble pouvant accueillir jusqu'à 700 personnes. C'est ici que les familles d'origine latino-américaine se sont rassemblées spontanément dans les jours qui ont suivi le raid. Francesca est venue, elle aussi, quasi quotidiennement, pour demander des nouvelles de son conjoint. C'est là qu'elle a appris que les autorités exigeaient une caution de plus de 3 000 dollars pour le libérer. Une somme évidemment hors d'atteinte pour la jeune femme.

Francesca a repris sa place dans la chaîne d'abattage chez Swift, il y a quelques semaines à peine. "Nous ne sommes pas des criminels. Nous sommes ici pour travailler et même pour aider ce pays économiquement", explique-t-elle, assise aujourd'hui dans le minuscule salon du presbytère, avec ses mots d'espagnol. Elle insiste : "Je refuse de vivre dans la peur."

L'histoire de Francesca résume assez bien les vies en ligne brisée de ces clandestins. Arrivée en 2001 pour rejoindre Jesus, lui-même parti depuis 1998 du Salvador, elle travaille comme lui dans différents Etats avant qu'ils ne s'installent en 2002 à Worthington, sur les conseils d'un membre de la famille. Contrairement à son mari, Francesca est parvenue à obtenir un document officiel, un permis de travail d'un an renouvelable, grâce à un curé rencontré dans l'Iowa.

Comme la grande majorité des migrants d'Amérique latine, Francesca envoie chaque mois une somme d'argent, la remesa, vers son pays d'origine. Quelque 450 dollars pour la famille, "parce qu'elle prend soin de (ses) trois premiers enfants", et, désormais, 200 dollars à son mari, sans emploi au Salvador. "Il n'y a pas de travail là-bas et, s'il en trouve, c'est à 1,25 dollar de l'heure..."

Elle fait une pause. Observe longuement ses mains, gonflées par les cadences de l'usine. Jesus l'a appelé un peu plus tôt dans la journée. Elle dit ne pas savoir ce qu'il compte faire. "S'il revient, il pourrait écoper de dix ans de prison en cas d'une nouvelle arrestation par les agents fédéraux."

Soeur Karen écoute attentivement. Assise face à la jeune Salvadorienne, cette grande Américaine aux cheveux d'un gris abondant, ancienne missionnaire au Guatemala dans les années 1980, confirme que la ville de Worthington est en état de choc, que certains sans-papiers se cachent, alors que d'autres ont décidé de quitter la région.

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Nicolas Bourcier

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