Paysannes contre l'Alenna: sans mais... pas de pays
Bravo RFI!!! Un tres bon article sur la marcha
Forte mobilisation paysanne contre l'Alena
par Patrice Gouy
Des vaches sous le monument à la Révolution... Une distribution gratuite de 26 000 litres de lait... Une caravane de tracteurs et de moissonneuses-batteuses sur le Paseo de la Reforma, les champs Elysées mexicains : 130 à 150 000 paysans sont venus manifester ce 31 janvier à Mexico, pour former une grande alliance nationale et exiger une renégociation de l’Alena.
Dès les premières heures de la journée, des groupes de paysans ont formé des murailles humaines sur divers points de la frontière nord-américaine pour s’opposer à l’entrée sans taxes de 1 100 produits dont 4 hyper sensibles : le maïs, le haricot noir, la canne à sucre et le lait en poudre.
Pour Davis Padilla, du Barzon, cette mobilisation massive des paysans est une déclaration de guerre au gouvernement mexicain et aux fractions parlementaires du PRI (ancien régime) et du PAN (parti au pouvoir), qui refusent d’écouter les arguments du monde rural mexicain.
Héladio Ramirez, le président de la Commission du développement rural du Sénat, a demandé au gouvernement d’être prudent, car « le Mexique est au bord de l’instabilité sociale en raison de l’insupportable situation dans laquelle se trouve 30 millions de paysans ».
Même son de cloche à la Chambre des députés, où José Federico del Valle considère que « la libéralisation de tous les produits agricoles peut avoir de terribles conséquences pour les agriculteurs ».
Un bilan catastrophique pour le monde rural
Il y a 14 ans, lorsque le gouvernement mexicain signe l’Alena, il affirme que ce traité de libre commerce va créer des emplois et permettre au Mexique d’entrer de plein pied dans le premier monde.
Aujourd’hui, on s’aperçoit que, durant toutes ces années, les gouvernements ont regardé le monde rural se dégrader sans intervenir. Aucune politique agricole n’a été mise en place pour permettre aux exploitants d’être plus efficaces, pour éviter que les subsides ne disparaissent dans les poches des organisations corrompues ou ne soient accordés qu’aux groupes agro-industriels privilégiés par le gouvernement. Aucun effort n’a été entrepris pour former des techniciens compétents, pas plus qu’il n’y a eu de financement pour moderniser les exploitations agricoles.
« S’il y avait eu volonté politique, explique Max Correa, de l’ONG Sin Maïs no Hay País (Sans maïs, pas de pays), le gouvernement aurait mis en place des aides pour permettre aux paysans de regrouper leurs terres (85 % des agriculteurs possèdent en moyenne 2 hectares de terres), et pour réorganiser la production » (sur les 1,9 millions de producteurs de maïs, 79 000 seulement vendent leur grain sur le marché national ou international, ce qui veut dire que cette production est essentiellement de l’autoconsommation).
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