Que se pasera-t-il au Guatemala?
La gauche guatémaltèque espère bénéficier de l'effet "positif" de l'élection du sandiniste Ortega à Managua
Encouragée par l'évolution politique de l'Amérique du Sud, la gauche guatémaltèque place tous ses espoirs dans les élections législatives et présidentielle du 9 septembre. Onze ans après les accords de paix de 1996, l'ancienne guérilla, l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG), se présentera devant les électeurs en alliance avec une dizaine d'organisations sociales et politiques, sous la bannière du Mouvement de gauche (MAIZ), dont les initiales évoquent en espagnol le maïs, base de l'alimentation des Mayas.
Son candidat à la présidence de la République, Miguel Angel Sandoval, diplômé de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, a quitté l'URNG lors de la signature des accords de paix, estimant que le volet social et économique était insuffisant.
La gauche devra affronter Rigoberta Menchu, Prix Nobel de la paix en 1992, qui brigue également la présidence. "Rigoberta bénéficie d'une renommée internationale, mais elle a été absente depuis longtemps des luttes sociales au Guatemala, explique M. Sandoval, de passage à Paris. Certes, elle a fait beaucoup pour que les militaires guatémaltèques accusés de violations des droits de l'homme soient inculpés par la justice espagnole. Mais elle s'est lancée dans les affaires, créant un réseau de pharmacies, et a collaboré avec l'actuel président, Oscar Berger (droite), tandis que les dirigeants indigènes auxquels elle est liée devenaient fonctionnaires".
"RÉFORME AGRAIRE INTÉGRALE"
Avec six parlementaires et un maire de ville moyenne, le MAIZ dispose d'une faible expérience électorale. "Aux élections de 2003, l'URNG a réalisé, avec moins de 3 % des voix, le plus mauvais score de l'histoire de la gauche au Guatemala", admet M. Sandoval. Toutefois, le candidat du MAIZ espère que "le vent qui souffle en provenance du Sud puisse porter la gauche au second tour de la présidentielle".
A son avis, le retour du sandiniste Daniel Ortega à la présidence du Nicaragua, en janvier, a eu une répercussion "positive" en Amérique centrale.
Fin 2005, l'élection d'un président d'origine aymara en Bolivie, Evo Morales, a redonné l'espoir aux Indiens Mayas, majoritaires au Guatemala. "Le mouvement indigène est passé de la résistance à la lutte pour le pouvoir", assure M. Sandoval. En novembre 2006, "l'élection du président équatorien Rafael Correa a montré que l'absence d'implantation électorale préalable n'était pas un handicap insurmontable pour remporter un tel scrutin", poursuit le candidat.
Il ne cache pas son admiration pour le président vénézuélien, Hugo Chavez. Au traité de libre commerce signé par l'Amérique centrale avec les Etats-Unis, "mal négocié", M. Sandoval préfère l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) proposée par Cuba et le Venezuela et "basée sur la coopération plutôt que sur la concurrence".
Une "réforme agraire intégrale", qui ne se limiterait pas à la répartition des terres, mais comprendrait aussi crédits et assistance technique, figure en tête du programme présenté par le MAIZ à un électorat à 50 % rural. La gauche veut privilégier l'impôt direct progressif, et mettre en oeuvre des politiques publiques d'éducation et de santé pour les plus démunis, tentés par l'émigration massive vers les Etats-Unis.
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