"L'homme de Maïs", un Indien mexicain en Provence
Rue89
Que peuvent bien avoir en commun Juan Chavez Alonso, 67 ans, indien Purepecha de l'Etat du Michoacan -Mexique-, enseignant, guitariste à ses heures et membre du Comité national indigène (CNI) et Henri Ricard, jeune retraité, « paysan, fils de paysan, petit-fils de paysan, arrière petit-fils de paysan, arrière-arrière petit-fils de paysan », du village de Mallemort, dans les Bouches-du-Rhône, France? Un amour, quasi filial, pour la terre.
Une tournée française
Cette tierra madre que Juan Chavez évoque avec un respect proche de la dévotion. Arrivé en août, ce militant des droits des peuples indiens effectue jusque fin octobre une large tournée en France. Débutée par un passage en région toulousaine -où il est intervenu lors de l'université d'été d'Attac-, elle s'est poursuivie en Bretagne et devrait s'achever par les Cévennes, la Suisse, la région parisienne et le Nord.
Au cœur de ce programme chargé, Juan Chavez était accueilli récemment par la communauté de Longo Maï, au Mas de Granier, à quelques enjambées de Saint-Martin de Crau, dans les Bouches-du-Rhône. Au cours de l'après-midi, devant des syndicalistes de la Confédération paysannne, des représentants d'associations et de coopératives et les membres de Longo Maï et de Caracol Marseille, il a exposé les raisons de son passage en France.
« L'agriculture industrielle, notre ennemi commun »
Large chapeau de paille, rides rieuses au coin des yeux, moustache et cheveux blancs, lorsque, à l'heure de l'apéritif, ce monsieur calme et mesuré prend la parole, il a tout du sage grand-père. Une image vite effacée par les « précisions » qu'il apporte d'emblée pour s'assurer que Greg, le traducteur du jour, interprétera correctement ses propos face à un auditoire déjà très attentif:
« Il y a une importante notion de lutte commune dans notre discours. Lorsque je parle des compañeros - compañeras, je fais référence à toutes celles et tous ceux qui sont en lutte contre le capitalisme. Par capitalisme, j'entends ces politiques d'industrialisation globalisante qui concentrent les richesses tirées de l'exploitation de la main-d'œuvre et de la surexploitation de la nature.
Face à cela, dans nos communautés, on travaille dans un esprit de résistance. Les efforts à faire pour lutter contre l'alimentation et l'agriculture industrielle, notre ennemi commun, sont les mêmes, ici et en Amérique du Sud ».
Coriace -et politique-, le vieux mexicain… Henri, le paysan de Mallemort, membre de la Confédération paysanne, apprécie le discours.
« Lorsque j'étais jeune agriculteur, je percevais fortement la différence avec les gens du monde urbain, se souvient-il. J'ai eu alors l'occasion de rencontrer des paysans africains et me suis rendu compte qu'avec eux, j'avais beaucoup de choses en commun...
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