MEXIQUE • Esclaves de luxe
La traite des femmes est au Mexique un commerce juteux. Non seulement les mafias "exportent" des Mexicaines en Europe mais elles "importent" aussi pour le marché local des femmes provenant d'Europe de l'Est. L'hebdomadaire Proceso consacre sa une à cette mondialisation de la prostitution.
Après le trafic de drogue et celui des armes, la traite des femmes représente un des commerces les plus attractifs pour les mafias internationales opérant au Mexique. Ces organisations, grâce à leurs liens avec les trafiquants de drogue et les autorités du pays, agissent dans l'impunité. Les victimes de cet esclavage sexuel subissent des brutalités qui se terminent souvent par leur mort. Les plus puissantes mafias – russe, ukrainienne, argentine, cubano-américaine, japonaise, etc. – s'adonnent à ce commerce. Elles exportent des Mexicaines aux Etats-Unis ou au Japon, et importent au Mexique des femmes d'Europe de l'Est, des Caraïbes ou d'Amérique du Sud. Certaines organisations non gouvernementales (ONG) affirment que la traite des femmes représente le "négoce le plus lucratif du Mexique".
Les diplomates hongrois au Mexique ont ainsi lancé un cri d'alarme : le consulat est assailli de jeunes Hongroises qui demandent de l'aide. "En Europe, le marché de la prostitution est saturé, notamment en Espagne, en Grande-Bretagne, en Italie et en France. C'est pour ça qu'on commence à envoyer de jeunes Hongroises, Roumaines ou Tchèques dans d'autres pays", a affirmé l'ambassadeur de Hongrie, György Herczeg.
"En Hongrie, les réseaux de trafiquants de personnes proposent à nos jeunes des contrats de travail alléchants leur garantissant un bon salaire, un logement, une assurance sociale et un visa de travail au Mexique. Ecrit en tout petit, il est spécifié qu'elles travailleront dans des bars comme serveuses. Elles acceptent par nécessité. Mais ce sont des contrats de trois mois, avec un salaire qui n'est pas si élevé. On commence alors à leur dire que, si elles veulent gagner plus, elles doivent faire d'autre choses... Elles sont victimes de chantage et de menaces, et ce sont leurs employeurs qui gardent leur passeport. Elles n'ont aucune liberté. C'est la forme moderne de l'esclavage", précise Sandor Galambos, consul de Hongrie à Mexico.
Selon Mariana Rendon, qui coordonne le programme de soutien aux victimes de la traite des femmes au Mexique de l'Organisation internationale pour les migrations, les femmes de l'Europe de l'Est sont "destinées" aux plus riches Mexicains. Mais l'essentiel du trafic concerne des femmes provenant d'Amérique centrale ou des Caraïbes. La plupart des mafias sont implantées à Cancun, sur la côte caraïbe.
Rodrigo Vera (extraits)
Proceso
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