Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? De nombreux reportages ont déjà été réalisés sur les drames de l’immigration clandestine, sur les tentatives de passage de la longue frontière qui sépare le monde latino de la Terre promise. Cobo, lui, a préféré s’intéresser au monde que les émigrés ont laissé derrière eux, à leurs familles et à leurs villages. Il a choisi pour cela d’aller s’installer à Cheran, une petite bourgade agricole des hauts plateaux de l’Etat du Michoacán, à 320 kilomètres à l’ouest de la capitale fédérale Mexico. Guidé par un migrant dont il avait fait la connaissance en Californie et qu’il a accompagné sur la route du retour, il a découvert une région terriblement appauvrie par la mévente du bois et des céréales, où le salaire d’un ouvrier agricole ne dépasse guère 20 dollars par semaine et où la plupart des familles dépendent presque totalement des dollars envoyés par les hommes exilés. A Cheran, comme dans la plupart des autres villages indiens de la région, l’économie locale est désormais fondée sur l’injection de cet argent durement gagné au nord du Río Bravo del Norte, et tous les jeunes rêvent de partir au plus vite prendre leur part du gâteau américain. Victor Cobo, qui a passé plusieurs mois dans la région avant de repartir vers le nord avec une nouvelle cohorte, a surtout cherché à capturer les relations intenses qui unissent les familles aux absents, la place qui est laissée à ces derniers dans les rites quotidiens et dans les cérémonies religieuses, l’espoir qui est mis dans le rêve américain, les signes qui témoignent de la tristesse et de l’attente, mais aussi la joie des retrouvailles. |
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